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L'événement

Le conseil d’état promet un plan d’austérité

  • Le discours du gouvernement est sans surprise, généraliste et ne donne que quelques pistes concrètes.
  • Un plan de mesures pour une gestion plus rigoureuse sera proposé au parlement d’ici le 15 mai.
  • Le projet de budget 2006 devrait être reconsidéré. La mesure satisfait tant à gauche qu’à droite.

 emmanuelle drevon
Publié le 06 décembre 2005

L'avantage de la prestation de serment du Conseil d'Etat et du discours de Saint-Pierre, c'est leur fidélité dans la solennité. Seule touche un peu originale de cette 56e législature, la présence très showbiz de Charles Aznavour venu clore en chanson cette cérémonie.


Cathédrale Saint-Pierre. © Steeve Iuncker Gomez

L'impression générale est plutôt positive, on apprécie même son classicisme. A peine chamboulé par l'arrivée des députés du Grand Conseil plutôt originale. Au dernier moment, les élues ont décidé d'entrer les premières dans la cathédrale, manifestant ainsi leur regret de ne voir que des hommes au Conseil d'Etat.

Entre les prestations de serment, les intermèdes musicaux, le président du Grand Conseil, Michel Halpérin, prononce de sa voix grave, une première allocution. Mais le moment le plus attendu reste celui du discours de Saint- Pierre proclamé par le tout nouveau président du gouvernement, Pierre-François Unger.

Un discours qualifié de politique générale ou encore de programme de législature. Il a pour principal mérite, à la fois, de satisfaire et d'agacer tout le monde. A la sortie de la cathédrale, les qualificatifs ne manquent pas: «flot de lieux communs», «généraliste», ou encore «aucune mesure choc».

Mais qu'en est-il exactement? Le cru 2005, plutôt commun dans sa composition, se révèle être surtout un plan d'austérité à venir, dont les grandes lignes seront
présentées d'ici au 15 mai. Considéré comme le véritable programme, c'est lui qui définira précisément la ligne de conduite du nouveau gouvernement.

Le discours d'hier met l'accent sur deux grandes plaies qui nécessitent la plus grande attention. A commencer par le chômage: «L'adéquation entre les emplois offerts, les qualifications requises et les possibilités du marché local de l'emploi n'est pas satisfaisante.» La deuxième entrave à la prospérité genevoise s'impose tout aussi rapidement: la dette du canton considérée comme inacceptable.

Pierre-François Unger pointe du doigt l'un des responsables de cette charge: «Le train de vie des collectivités publiques n'est plus adapté à nos moyens.» Il serait même sujet à commentaires acerbes: «Notre population comme nos confédérés n'ont pas manqué de le constater, d'abord avec amitié, puis avec surprise, enfin avec incompréhension.» Mais ce discours n'a pas seulement énuméré quelques généralités, il s'est aussi aventuré à énoncer quelques mesures concrètes.

Budget 2006 reporté
Le projet de budget vit ses dernières heures. Le Conseil d'Etat demande qu'il soit reconsidéré, en attendant la présentation de son plan de mesures. Si la proposition de l'Exécutif satisfait tant à gauche qu'à droite, les attentes relatives à la nouvelle mouture ne sont évidemment pas les mêmes.

2009: équilibre financier
Le Plan financier quadriennal (PFQ) est mort. Au grand dam de l'Entente et de l'UDC. Dans son discours, Pierre-François Unger a certes annoncé un retour aux chiffres noirs pour le budget de l'Etat, mais pas avant quatre ans. Le PFQ promettait, lui, l'équilibre pour 2007.

Pas de hausses d'impôts
Les hausses d'impôts ne sont pas encore au programme. Le gouvernement n'entend pas y recourir pour augmenter les recettes. Une annonce qui surprend et déçoit dans les rangs de l'Alternative où l'on se plaît à rappeler que quatre conseillers d'Etat sur sept ont signé les deux initiatives fiscales. La mesure pourrait cependant être prise si l'Exécutif ne parvient pas à une réorganisation efficiente de l'Etat.

Du logement à la Praille
Pour pallier la pénurie de logements, le gouvernement veut aller vite et propose de construire sur le site de la Praille-Acacias. Cette priorité ne fait pas oublier sa volonté de développer la collaboration franco-suisse.

Tous les conseillers d'Etat en Vieille-Ville
Autre mesure concrète censée, elle, favoriser «l'approche décloisonnée, transversale et globale» entre les services et les départements: le regroupement. Ainsi les bureaux et les secrétariats généraux des sept conseillers d'Etat seront centralisés dans une même rue, celle de l'Hôtel-de-Ville. Date limite pour ce déménagement: le 30 janvier 2006.

Le retour des femmes?

Enfin, avec le sentiment que ce gouvernement, uniquement masculin, a quelque chose à se faire pardonner, Pierre-François Unger accorde quelques secondes de son discours aux femmes. Il souligne que le gouvernement va «développer une politique volontariste leur permettant d'accéder aux postes à responsabilité». C'est la seule annonce qui provoquera quelques murmures dans une assemblée jusque-là silencieuse.

Le Conseil d’Etat se donne cinq mois pour convaincre

Éric budry, genève et région
Publié le 06 décembre 2005

Après le remue-ménage annoncé des départements, le nouveau Conseil d'Etat genevois a offert hier le remue-méninges du discours de Saint-Pierre. Ce discours, qui fait office de programme de législature, prédit aux Genevois rien de moins qu'une cure d'austérité.

«L'éloge de la mesure doit se substituer à la culture de la plainte», a ainsi prévenu le PDC Pierre-François Unger, nouveau président du Conseil d'Etat. La formule est belle, mais elle n'annonce effectivement pas des lendemains qui chantent. Car le nouveau gouvernement genevois a joué franc jeu: l'Etat a trop longtemps vécu au-dessus de ses moyens, il lui faudra désormais se serrer la ceinture.

Tout comme à Neuchâtel, la majorité de gauche - ou de centre gauche - élue à l'Exécutif paraît donc déterminée à sortir Genève de l'immobilisme. A quel prix et de quelle manière? Sur ces points, le discours de Saint-Pierre n'offre pas immédiatement les clés du royaume de l'équilibre budgétaire, de la cohésion
sociale et du plein-emploi. Ce serait du reste trop lui demander.

Des mesures concrètes, le discours en contient malgré tout quelques-unes. La plus spectaculaire est le regroupement dès fin janvier des bureaux et des secrétariats généraux des sept conseillers d'Etat dans la rue de l'Hôtel-de-Ville. Un geste symbolique, et sans doute peu pratique, pour souligner la volonté des élus de travailler de manière décloisonnée et transversale. Certains rêvaient d'un gouverneur pour Genève, en voici sept d'un coup.

La mesure la plus immédiate est l'annonce de la mise à mort du projet de budget 2006. Ce qui tombe politiquement assez bien puisque la majorité du Grand Conseil n'allait pas tarder à faire la même chose. Mais ce que le Conseil d'Etat sera capable de présenter à la place, c'est mystère et boule de gomme.

Et c'est là qu'intervient la mesure la plus percutante: l'annonce du dépôt d'ici le 15 mai d'un plan de mesures et d'un calendrier pour la législature «alliant audace
politique, efficience de l'action publique et gestion rigoureuse». Seules certitudes, aucune hausse d'impôt n'y figurera et l'équilibre budgétaire est remis à 2009.

Pour le Conseil d'Etat, ce plan sera son véritable baptême du feu, le test in vivo de sa capacité à convaincre parlement et population à le suivre. Autant dire qu'il n'aura pas trop de cinq mois pour donner un peu d'épaisseur à son projet.


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